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Un vent novateur venu d'Orient souffle sur le Cervin Featured

27 Nov 2021
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© Swiss Arab Entrepreneurs Platform 2021
Claude Nicollier (2ème à gauche) avec les lauréats: de gauche à droit: Osama Kanawati, Mohammed Al Qubaisi et Riad Abdelhadi

C’est dans une ambiance festive que le dernier épisode de la 13ème saison du célèbre concours Stars of Science a été retransmis en direct le 22 octobre dernier. Initiée par la Qatar Foundation, cette émission TV est diffusée par plus d’une vingtaine de chaînes dans le Moyen-Orient, où elle est extrêmement populaire, et ailleurs dans le monde. Cette année, sa dernière phase comprenait une visite en Suisse : ce pays revêt une grande importance dans le contexte de l’innovation et de la compétitivité économique mondiale et par l’implantation d’instituts scientifiques prestigieux sur son territoire. Organisée par la Swiss Arab Entrepreneurs Platform, cette expérience unique a donné lieu à des rencontres extrêmement intéressantes dont voici quelques reflets.

 
Pour regarder le dernier épisode 13 (Link)

Une finale à rebondissements

Au fil des 12 semaines du programme basé au Qatar Science & Technology Park à Doha, les candidats de Stars of Science 2021 ont reçu un soutien technique et logistique visant à leur permettre de développer leur invention, de passer de l’idée à la construction de prototypes, dans l’objectif de les transformer en produits commercialisables.

Quatre inventeurs ont été retenus pour disputer la finale. Ils y ont vécu des moments pleins de suspens et riches en émotions avant le prononcé du verdict. Comme les téléspectateurs, ils ont attendu pendant près d’une heure pour connaître le nom de gagnant ! Le système d’évaluation des inventions a réservé des surprises : après s’être vu attribuer la première place par le jury d’experts, Muhammad Al Qubaisi du Qatar a été relégué à la troisième place suite au vote du public. La victoire et le prix de 300'000 $ est revenu à l'inventeur tunisien Riad Abdelhadi pour sa batterie hybride HyPow rechargeable en quelques minutes.

 

Le lauréat tunisien et ses trois dauphins

Star of Science 2021, Riad Abdelhadi de Tunisie a mis au point l’Hybrid Power Bank. Combinant une cellule lithium-ion et un supercondensateur en un ensemble hybride de gestion de l'alimentation, le HyPow offre une solution face aux capacités limitées des batteries conventionnelles. L’engouement des téléspectateurs pour cette invention n’est pas donc étonnant au regard de notre dépendance aux appareils électroniques qui remplissent sacs et poches.


© Swiss Arab Entrepreneurs Platform 2021

Deuxième, Mujib Al-Harosh du Yémen a inventé un appareil portable de détection de l’insuffisance rénale par la mesure du changement de résistance électrique en fonction du débit sanguin. Lorsqu'un rein se détériore, l'autre rein compense en travaillant à un rythme plus élevé, ce qui conduit à des résultats normaux des tests en laboratoire. Grâce à cette invention, le défaut peut être diagnostiqué à temps.

Mohammed Al Qubaisi du Qatar s'est classé troisième grâce à son système de détection des situations de hors-jeu au football. Des capteurs intégrés aux maillots des joueurs et au ballon suivent les mouvements en temps réel. L’analyse des données recueillies permet de déduire des scénarios erronés. Le dispositif fournit ainsi une aide aux arbitres et aux entraîneurs.

Le quatrième prix est allé à Osama Kanawati du Liban pour sa veste équipée d’un stéthoscope sans fil. Par des capteurs acoustiques multicanaux placés stratégiquement sur la poitrine et le dos, l’appareil assure la surveillance du système respiratoire pour des patients à domicile ou en clinique.

 

Une tournée suisse riche en rencontres et en enseignements

Grâce à l’entremise de la Swiss Arab Entrepreneurs Platform, les quatre finalistes concourant pour le titre de Star of Science 2021 sont partis à la rencontre de célébrités suisses du monde de l’innovation et des institutions scientifiques suisses de renom. Ayman Abualkhair, fondateur et directeur de la plateforme, leur a concocté un programme de visite très riche et original, passant notamment par le CERN, l’EPFL, la Fondation Solar Impulse et ponctué d’un tête-à-tête avec l’astronaute suisse Claude Nicollier.

La tournée a débuté par l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) à Genève. Reçus par Martin Gastal, responsable de la zone expérimentale CMS, conseiller pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, les inventeurs ont pu explorer l'environnement scientifique et créatif dont bénéficie le CERN et échanger avec les scientifiques et chercheurs.

 

Le CERN – leader mondial de la recherche en physique des particules

Fondé après la Seconde Guerre mondiale comme un lieu neutre qui garantisse un environnement favorable aux activités scientifiques, le CERN est composé de 23 États membres. Les 80 000 scientifiques et experts qui y travaillent mènent des recherches dans le domaine de la physique des particules, étudiant la composition de la matière.


© CERN

L’infrastructure unique au monde mise en place par le CERN permet d’accélérer les neutrons à la vitesse de la lumière, dans des deux sens opposés et les faire entrer en collision en générant d'autres particules, repérées grâce à de gigantesques capteurs. L'objectif est de découvrir de nouvelles molécules et d’étudier parmi leurs caractéristiques celles qui pourraient s’avérer utiles, notamment dans le domaine médical, pour le traitement de tumeurs cancéreuses par exemple.

Les activités scientifiques menées par le CERN ont pour objectif de passer de la théorie à la pratique en créant des modèles viables et d'établir des projets commerciaux compétitifs qui résolvent des problèmes auxquels sont confrontés les habitants de notre planète. Ainsi que l’a rappelé Martin Gastal, internet a été créé au sein de CERN !

Le CERN se fonde sur le principe du partage des connaissances au profit de tous par la création d’un vaste réseau d'experts. Il a adopté une politique ouverte des droits de la propriété intellectuelle. Ainsi, ses inventions peuvent être utilisées pour fabriquer des produits commercialisables. Toutefois, le contrat éthique du CERN exige que les résultats obtenus à partir des recherches menées au CERN soient utilisés à des fins pacifiques uniquement.

 

Martin Gastal a souligné l'importance de la participation des pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, compte tenu de la jeunesse de leur population et du nombre importants de diplômés issus des systèmes éducatifs de la région. La diversité des idées nouvelles offre un potentiel pour l’échange d’expériences et la recherche scientifique.

Le CERN a signé des accords de coopération avec plusieurs pays arabes : la Jordanie, le Liban, la Palestine, l'Égypte, les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Koweït, l'Arabie saoudite, le Qatar, le Maroc et la Tunisie. Le CERN fournit l'infrastructure extrêmement coûteuse nécessaire pour mener des recherches scientifiques et les pays financent les séjours de leurs étudiants et chercheurs. Le CERN cherche également à construire un canal de communication avec le monde arabe pour attirer des jeunes talents, notamment grâce au programme d’affiliation des universités qui ouvrent aux étudiants et chercheurs des possibilités de séjours plus ou moins longs à Genève.

Au CERN, les finalistes ont également visité l'incubateur IdeaSquare où ils ont pu échanger avec les responsables et présenter leurs inventions. Laboratoire d’essais, IdeaSquare est destiné à favoriser l’innovation au CERN. Offrant des installations pour la réalisation rapide de prototype ainsi que des espaces de réunions, il sert également à des porteurs d'idées créatives, des étudiants en visite et des entrepreneurs dans les domaines de la recherche, du développement technologique et de l’éducation, d’être mis en relation avec des experts du CERN, pour les aider à construire des prototypes et des tests expérimentaux.

À la Fondation Solar Impulse de Lausanne, les finalistes ont rencontré le célèbre explorateur et inventeur suisse, psychiatre et expert en environnement Bertrand Piccard, président de la fondation. Bertrand Piccard a effectué en 1999 le premier tour du monde en ballon et sans escale à bord du Breitling Orbiter 3, puis en 2016, le premier tour du monde en avion à énergie solaire. Il a été élu Champion de la Terre 2012 par le programme des Nations Unies pour l'environnement.


© Bertrandpiccard.com

Chaleureusement accueillis dans une atmosphère emprunte de positivité, les jeunes innovateurs ont été marqué par le discours inspirant du charismatique pionner de la transition énergétique. Leur faisant le récit de ses tours du monde en ballon puis en avion solaire – la plus dure épreuve physique de sa vie ! – Bertrand Piccard n’a pas omis d’évoquer les difficultés, notamment celle du regard dubitatif souvent porté sur les créateurs. Il a souligné l'importance de la créativité pour trouver des solutions aux problèmes auxquels nous sommes confrontés, insistant sur la nécessité de libérer l’imagination humaine et de ne pas mettre d’obstacle à l’innovation. Il a souligné la contribution importante de la civilisation arabe dans plusieurs domaines au fil du temps et a partagé son souhait que le monde arabe se démarque aujourd’hui en matière de progrès scientifique et technologique. Bertrand Piccard a conclu en affirmant que pour lui, seule la persévérance détermine les limites du possible.

 

EPFL Innovation Park

Lieu d’interaction et de proximité entre les entreprises et le campus de l’EPFL, l’Innovation Park bénéficie d'un environnement d'incubation en réseau avec d'autres institutions scientifiques suisses comme le CERN ou l'Université de Lausanne. Sa tâche principale est le passage de la recherche théorique à l'application pratique, en vue de créer des produits viables basés sur des modèles économiques solides. Un autre objectif est de permettre la création de start-ups basées sur l’esprit d’innovation des étudiants et chercheurs. Dans cette optique, une attention particulière est accordée au financement qui joue un rôle déterminant pour le succès des jeunes pousses : l'Innovation Park a ainsi pu obtenir 292 millions de francs suisses de financement pour des projets en 2020.

 

Les finalistes se sont ensuite rendus à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Ils y ont rencontré Ursula Oesterle, vice-présidente Innovation de l’EPFL, responsable de l’interface avec les milieux industriels, notamment par le biais de l’EPFL Innovation Park. Ursula Oesterle a souligné l’importance de développer les compétences entrepreneuriales et de soutenir des projets ayant un impact sur la société dans le domaine du développement durable. Elle a rappelé la spécificité de la Suisse qui, bien que dotée de grandes capacités technologiques, est un petit pays. La taille restreinte de son marché lui impose de nouer des partenariats avec d'autres pays et régions. Ursula Oesterle a insisté sur la volonté de coopérer avec le monde arabe – un partenaire idéal avec une population jeune et un marché de grande taille –, particulièrement au regard de ses besoins de développement actuels.

 
 © Alain Herzog

Dans la même ligne, Volker Gass, directeur du Space Innovation – centre de l’EPFL focalisée sur les technologies spatiales – a souligné le potentiel du monde arabe avec son réservoir de jeunes chercheurs et d’innovateurs et la nécessité, pour la Suisse disposant des capacités et des infrastructures scientifiques, de forger des collaboration permettant l'échange d'expériences.

Au Space Innovation, les quatre inventeurs ont rencontré une autre figure célèbre, l'astronaute suisse Claude Nicollier, professeur honoraire d'ingénierie aérospatiale à l'EPFL. Ils ont eu la chance de l’entendre évoquer ses missions dans le cadre du Programme spatial européen, à l’exemple de son voyage jusqu'à la Station spatiale internationale. Claude Nicollier a souligné que les sciences spatiales ayant beaucoup progressé, elles ne sont plus limitées à la sphère des agences gouvernementales. Il y a un intérêt du secteur privé pour ouvrir l'espace aux vols commerciaux. En conclusion, il a exhorté les inventeurs à entrer dans ce domaine incroyable qui réserve des expériences de vie uniques.

La journée à l’EPFL s’est conclue par une visite guidée de l’exposition «  Deep Fakes : Art and Its Double ». Elle explore le potentiel des répliques digitales pour aller à la rencontre des grands trésors artistiques du monde, en proposant différentes perspectives sur ces objets, en les réinventant par le mélange du réel et de l’imaginaire à l’aide des dernières technologies numériques. En cela, la démarche diffère du deepfake ou hypertrucage, qui relève de la manipulation et de la désinformation. Sarah Kenderdine, directrice et curatrice des pavillons d’exposition de l’EPFL a accompagné la délégation de Stars of Science à la découverte des installations, dont ce personnage virtuel qui les a particulièrement marqués : après avoir repéré leur présence, il les a invités à s’asseoir pour un dialogue à l’issue duquel, grâce à ses capteurs et à sa caméra, il a été capable d’analyser les émotions et caractéristiques humaines de ses vis-à-vis. Ils ont également noté le clin d’œil à la Suisse dans la statue virtuelle d’une vache en or qui ne se donne à admirer, sous tous les angles, que par l’intermédiaire d’un écran portable orienté sur son socle.


© Swiss Arab Entrepreneurs Platform

La tournée suisse de Stars of Science s’est terminée par une visite à une entreprise suisse leader dans le domaine de la technologie spatiale : Astrocast. La société conçoit, fabrique et opère des satellites de télécommunication miniatures. Elle ambitionne de construire un réseau de nanosatellites quadrillant la Terre pour l’internet des objets. Après les premiers lancements tests fin 2018, Astrocast dispose aujourd’hui de 10 satellites commerciaux placés en orbite. Elle vise le déploiement de 100 satellites en 2024.  Le fondateur et directeur de l'entreprise, Fabien Jordan, explique qu’Astrocast vend des émetteurs-récepteurs qui se connectent à ses satellites et permettent la transmission de données sans relais au sol, comme une forme de téléphonie sans antenne par laquelle les équipements de mesure et appareils connectés peuvent communiquer.

 

Astrocast, un leader né dans l’incubateur de l’EPFL

Astrocast est née de l’invention d’un groupe d'étudiants en génie électronique à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) impliqués dans le projet de microsatellite Swisscube lancé en orbite en 2009. Conçu pour fonctionner pendant quelques mois, sa résistance avait dépassé toutes les attentes. Deux de ces étudiants ont décidé en 2014 d'utiliser les compétences acquises pour développer la technologie spatiale dans le domaine prometteur de l'internet des objets et ont fondé Astrocast.

 

Astrocast peut aujourd’hui s’appuyer sur des partenaires stratégiques, comme le géant Airbus, l’Agence spatiale européenne (ASE), le Laboratoire d’électronique et de technologie de l’information du Commissariat français à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA-Leti) ou encore, l’opérateur Thuraya basé aux Émirats arabes unis.

Ainsi, 30 millions de francs suisses ont été investis à ce jour sous forme d'aides sectorielles publiques, principalement via l’ASE, et par des investisseurs privés pour permettre à l'entreprise de mettre en place son infrastructure commerciale et la rentabiliser rapidement.

 

Libérée des contraintes du terrain, cette technologie permet par exemple à la société américaine Wildlife Computers de collecter des données sur les lieux de rassemblement ou la température des milieux où évoluent des animaux sauvages munis de capteurs. D'innombrables applications peuvent être envisagées, comme par exemple la transmission des données de pression provenant de capteurs sur une canalisation dans le désert.

 
© Swiss Arab Entrepreneurs Platform 2021

Fabien Jordan a finalement insisté sur l'engagement éthique de son entreprise : d’une part, la technologie d’Astrocast ne pourra servir au suivi des armes et d’autre part, la société appliquera les directives de l'Agence spatiale européenne (ASE) pour l'élimination appropriée de ses satellites dont la durée de vie de trois à cinq ans nécessitera d’être régulièrement remplacés.

Ainsi s’est achevé ce périple suisse des Stars of Science 2021. Premier du genre pour les innovateurs du monde arabe, le séjour a remporté un franc et réjouissant succès. Il a réservé aux participants des journées riches en découvertes dans des institutions suisses de première importance ainsi que des rencontres passionnantes avec des personnalités aux parcours et à la motivation inspirantes. Cette expérience ouvre la porte à une coopération forte et fructueuse entre la Suisse et le monde arabe dans les domaines des sciences et de l’innovation, ainsi que de l'entrepreneuriat. La médiatisation de cet événement incitera certainement d'autres inventeurs du monde arabe à suivre l'exemple de leurs homologues et attirera l'attention d'institutions, d'entreprises et d'investisseurs suisses et internationaux sur le monde arabe, cette région pleine de ressources, à la jeunesse créative, aux idées foisonnantes, en bref, une terre prometteuse en opportunités d’investissements.

Last modified on Monday, 29 November 2021 12:22
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